Rencontre avec le conciliateur de justice

Rencontre avec Jean Lindenmayer, le conciliateur de justice qui officie Ă  Rixheim. L’occasion d’en apprendre davantage sur une mission encore largement mĂ©connue du grand public.

La conciliation, maillon fort de la justice du XXIème siècle, est un mode alternatif de règlement des conflits qui permet de trouver rapidement une issue amiable à un différend civil simple entre des personnes physiques ou morales.

Monsieur Lindenmayer, pouvez-vous nous préciser votre parcours ?

J’ai choisi des études de droit et de Sciences Economiques. J’ai commencé ma carrière professionnelle dans la banque en me spécialisant tout d’abord dans le crédit aux particuliers, puis dans le crédit aux entreprises. Puis je me suis orienté vers la grande distribution d’équipement de la maison en démarrant comme directeur d’un grand magasin pour prendre ensuite la direction du réseau de franchise national et international. De par les différents postes occupés, j’ai été régulièrement confronté à des problématiques liées à différentes composantes du droit (consommation, immobilier, travail, commercial…) Ayant fait partie de longue date de diverses associations d’aide aux personnes, j’ai pensé qu’à ma retraite je pouvais me rendre utile en étant un facteur de régulation et de paix sociale .

Quelle est la mission d’un conciliateur de justice et quel est son statut ?

Son rôle est de permettre à des gens, faisant face à un litige, de trouver une solution en évitant la case tribunal. Lorsque deux personnes quittent mon bureau en se serrant la main après des mois, voire des années de conflit, pour moi c’est suffisant. J’ai réussi ma mission.

Le conciliateur de justice a un champ d’action assez large. En effet, il peut intervenir pour des problèmes de voisinage, des différends entre propriétaires et locataires, des litiges liés à la consommation, au droit de passage, des problèmes d’impayés, des malfaçons de travaux mais aussi des différends entre commerçants ou sociétés. En revanche, il n’est pas compétent dans certains domaines précis. Par exemple, en matière d’état civil, de droit de la famille (pensions alimentaires, garde des enfants etc…), de litiges avec l’administration.

Il n’est pas juge. C’est un auxiliaire de justice, nommĂ© par le PrĂ©sident de la Cour d’Appel, et assermentĂ©. Il travaille de façon bĂ©nĂ©vole au service de la population et n’est pas rĂ©munĂ©rĂ©. Il a prĂŞtĂ© serment de probitĂ©, d’indĂ©pendance, d’impartialitĂ©, de neutralitĂ©, de confidentialitĂ©, de diligence et de rĂ©serve. Il suit rĂ©gulièrement des formations obligatoires dispensĂ©es par l’École Nationale de la Magistrature.

Comment se déroule une conciliation ? 

Je cite souvent ce proverbe africain: « Il n’y a pas deux personnes qui ne s’entendent pas, il y a seulement deux personnes qui n’ont pas discutĂ©. ». Le conciliateur est lĂ  pour instaurer un dialogue entre les parties en conflit, pour qu’elles trouvent la meilleure solution Ă  leur litige, qu’elles aient ou non dĂ©jĂ  saisi un juge. Le but, c’est que chacun s’écoute, tour Ă  tour, sans se couper la parole. La conciliation doit permettre de trouver la meilleure solution qui convienne Ă  toutes les parties, dans le respect du droit de chacun.

Le conciliateur de justice reçoit tout d’abord le demandeur puis il invite l’autre partie (le défendeur) à le rencontrer pour entendre sa version. Ensuite, il réunit les parties à la conciliation. Il peut également se déplacer sur les lieux. Les parties peuvent être accompagnées d’une personne de leur choix (avocat, époux(se), concubin, etc.). Le juge peut également désigner un conciliateur: on parlera de conciliation déléguée.

En cas d’accord, le conciliateur rédige un constat d’accord, qui est :

  • soit simplement enregistrĂ© au greffe du tribunal: l’accord a la mĂŞme valeur qu’un contrat.
  • soit homologuĂ© par le juge qui lui donne force exĂ©cutoire:  l’accord a dans ce cas la mĂŞme efficacitĂ© qu’un jugement.

Si la conciliation n’aboutit pas, le conciliateur rédige un constat d’échec. En effet le conciliateur ne peut pas obliger les parties à se concilier. Une procédure judiciaire devant un tribunal peut alors être engagée (depuis 2020, la tentative de conciliation amiable est devenue obligatoire dans la résolution de litiges inférieurs à 5000 euros).

Comment faire quand un administré ne trouve pas de solution pour régler un litige ou un différend ?

Il peut prendre rendez-vous auprès de l’accueil de la mairie qui l’inscrit alors à la prochaine permanence du conciliateur de justice, en fonction des de ses disponibilités horaires et de son planning.

Finalement, pourquoi recourir Ă  la conciliation?

Le recours à un conciliateur est une très bonne idée car la conciliation est une procédure qui présente de nombreux avantages :

  • elle est simple, gratuite, rapide et totalement confidentielle.
  • le recours Ă  un tribunal peut ĂŞtre particulièrement coĂ»teux, et prendre beaucoup de temps.

Et est-ce utile que ce soit toujours un magistrat très formé qui intervienne sur tous les litiges, même les plus bénins ?

En pratique

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